Étude de la variation de forme et de sens dans la réalisation du marquage spatial pour trois langues des signes

Période

Année de début: 
2011
Année de fin: 
2014
Résumé
L’objectif général du présent programme de recherche est l’analyse des moyens dont disposent des locuteurs de trois langues des signes (LS), soit américaine (ASL), française (LSF) et québécoise (LSQ) pour marquer les relations de saillance dans la grammaire. Plus spécifiquement, nous préciserons les patrons distributionnels et prosodiques des stratégies d’association spatiale impliquées dans l’expression de la saillance pour ces trois langues, et nous définirons les caractéristiques sémantiques de ces stratégies. Nous proposons un protocole croisant les analyses qualitatives et quantitatives sur la variation de ces éléments de la structure des LS. Quatre moyens sont attestés pour marquer une association spatiale, soit la localisation directe d’un élément dans l’espace, l’utilisation d’un pointé, la direction du regard vers un point de l’espace et la position du tronc. Bien que ces marques soient attestées dans les trois langues étudiées, l’utilisation de l’une plutôt qu’une autre peut varier dans un même contexte syntaxique et les marques peuvent être utilisées seules ou en concomitance. Certaines ont été décrites comme participant à l’encodage de la définitude, de la spécificité ou des relations argumentales.
Dans le cadre d’un projet de développement de partenariat international, nous avons élaboré une méthodologie commune de cueillette de données, visant l’acquisition et l’analyse de mesures biomécaniques impliquées dans la production des quatre marques. Cette expérimentation pilote en cours (2009-2011) nous permet, entre autres, de tester la pertinence méthodologique et culturelle du matériel d’élicitation et d’évaluer le protocole de passation des tests impliquant trois types de mesures prises en simultané (caméras numériques, système de capture de mouvements du corps (Motion Analysis), système de détection des mouvements des yeux (FaceLab)).
Dans la poursuite de nos objectifs de recherche, nous recueillerons et analyserons la production des marques d’association spatiale chez 90 sujets sourds (30 pour chaque langue). Une caméra numérique sera utilisée pour l’enregistrement de tous les sujets (analyse qualitative). Pour les 30 sujets québécois, nous procéderons également à la capture de données biomécaniques (mouvements des mains, du corps et des yeux). Les données qualitatives recueillies nous permettront de répondre à nos questions reliées à la saillance, à savoir si la variation dans l’utilisation des marques conduit à une différence i) interprétative des concepts exprimés (spécificité, généricité, nombre), ii) structurelle dans l’expression des relations grammaticales (accord verbal, relations spatiales et anaphoriques), iii) interprétative dans l’organisation de l’information (focus, évaluation). Alors que le traitement qualitatif permettra de répondre aux questions de recherche sur la variation de sens et de structure, le traitement quantitatif permettra de préciser le portrait de la forme de l’association spatiale entre les marques manuelles et non manuelles lorsqu’elles sont produites simultanément et ainsi répondre aux questions sur la constance formelle de l’association pour les locuteurs d’une même langue.
Cette recherche nous amènera à mieux comprendre l’utilisation de l’espace dans les LS, nous permettant ainsi de disposer de matériel théorique pertinent pour la conception d’outils d’apprentissage, d’enseignement et d’évaluation des trois LS visées, pour différents groupes : sourds, interprètes, orthophonistes, enseignants et orthopédagogues.
Organisme subventionnaire: 
CRSH - subvention ordinaire de recherche